Événement Buis : le protéger envers et contre tout
Le colloque organisé à Tours (37) a permis de faire le point sur les bioagresseurs du Buxus et d'imaginer un avenir avec ou sans ce genre.
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Le colloque organisé par Végéphyl (ex-AFPP, voir ci-contre) les 16 et 17 octobre à Tours s'est révélé particulièrement complet. Au point de faire passer les quelque 130 participants par tout un panel d'émotions. Ils ont en effet pu ressentir la passion qui animait l'architecte paysagiste Hubert Puzenat lors de sa présentation du genre Buxus et sa diversité tant en termes d'espèces et variétés que de formes et d'usages, ou celle de propriétaires et gestionnaires de jardins privés. Le découragement aurait pu prédominer, au vu de certaines photos faisant état de la situation sanitaire du buis en France et à l'étranger. La plante, réputée pour être facile et coriace, n'en demeure pas moins l'objet de nombreuses affections, et susceptible d'attirer l'intérêt de plus d'une centaine de ravageurs secondaires, indigènes et exotiques. Toutefois, les principales sources d'inquiétude restent les maladies du dépérissement et la pyrale.
Pour les maladies du dépérissement (Cylindrocladium buxicola syn. Calonectria pseudonaviculata (*), et Volutella buxi syn. Pseudonectria buxi), qu'il s'agit de ne pas confondre avec d'autres affections, tant les symptômes sont multiples et souvent non caractéristiques, l'espoir passe par l'hybridation interspécifique, pour sauvegarder la plante, voire par des alternatives végétales pour préserver la structure du jardin. Dans ce domaine, la Belgique a une dizaine d'années d'expérience. Quatre hybrides protégés devraient être lancés sur le marché en septembre 2019.
Espoirs et inquiétudes
Les retours d'expérience de Paolo Fornara, jardinier au service des parcs et domaines de la ville de Lausanne, et de Laurent Chabanne, jardinier du manoir d'Eyrignac, montrent l'importance d'assurer des conditions optimales de croissance (sol, biostimulants...).
Pour le papillon Cydalima perspectalis, les doutes sont élevés étant donné sa rapidité de dispersion et la voracité de sa larve. Des programmes comme SaveBuxus et les résultats des recherches menées au sein de l'Inra mais aussi en Allemagne, au Canada ou en Hongrie, laissent espérer des possibilités de gestion en espaces verts, à l'aide de la surveillance des vols par piégeage et du traitement au Bt, complété par la pose de nichoirs pour favoriser l'activité des mésanges. Les réseaux d'épidémiosurveillance contribuent à raisonner les interventions de biocontrôle. Des dérogations - pour cause patrimoniale - à l'interdiction des traitements chimiques dans les espaces ouverts au public existent, mais elles restent à préciser. D'autres méthodes sont encore en cours d'évaluation scientifique (confusion sexuelle, trichogrammes), ou restent à mettre au point (auxiliaires naturels, répulsifs).
L'inquiétude domine pour les buis sauvages. Certaines buxaies sont complètement dévastées. Ces dégâts sont d'autant plus préoccupants que le buis offre de nombreux services écosystémiques forestiers : maintien du sol, biodiversité, succession des essences... « Malgré les recherches en cours, les solutions arriveront certainement trop tard pour le buis sauvage en Europe », estime Mark Kenis, du Cabi (Centre for Agricultural Bioscience International).
Valérie Vidril
(*) Un deuxième génotype, Calonectria henricotiae, présente la même pathogénicité mais une différence de sensibilité aux fongicides.
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